Gynécologie

17- J’ai un HPV… c’est quoi ?

Les Human Papilloma Virus sont très répandus et sont souvent sous-estimés.

Près de 80% des femmes, comme toute la population mondiale, sont ou seront un jour confrontées à une infection à HPV.

Cet HPV va être évoqué lors de plusieurs « occasions » :

  • soit lors d’un diagnostic de lésions pré-cancéreuses du col utérus (CIN1, ASCUS, …CIN3 ….) suite à votre examen de dépistage ( celui qui est remboursé actuellement tous les 3 ans en Belgique)
  • soit lors de l’apparition de verrues génitales (appelés condylomes)
  • soit lors de l’annonce d’un cancer du col de l’utérus : après un examen colposcopique qui aura mené à des biopsies ou après une conisation : quelques 700 femmes en Belgique seront concernées annuellement dont une centaine en mourront.

Enfin, plus de 8000 femmes par AN dans notre pays, subiront une conisation, une intervention pour prévenir l’évolution vers le cancer du col de l’utérus. Cette intervention n’est pas dénuée de complications et de conséquences comme de nombreux actes chirurgicaux.

Le but de l’examen de dépistage est justement de suivre les lésions et de pouvoir les traiter à temps.

Plus de 99% des cancers du col de l’utérus sont causés par des HPV.
il n’existe aucun traitement si une femme est infectée par le papillomavirus, on ne soigne que les conséquences.
Les infections peuvent être en grande partie évitées par la vaccination prophylactive.

Les HPV sont une famille de virus qui infectent la peau et les muqueuses. Il existe plus de 200 types d’HPV.

Ils peuvent toucher les organes génitaux externes et internes, la région anale, la bouche ou la gorge, chez les femmes et les hommes.

Dans quasi la majorité des cas, l’infection par un HPV passe inaperçue mais elle peut se traduire par les conséquences expliquées ci-dessus. On va distinguer le groupe des HPV à haut risque des autres HPV; ce groupe est impliqué dans l’émergence de précurseurs de cancers ou même de cancers, dont le plus fréquent et qui nous concerne toutes, est le cancer du col de l’utérus.

Les femmes peuvent donc être infectées jeunes, mais aussi, tout au long de leur vie : les infections par les HPV sont fréquentes chez les adultes, il existe d’ailleurs un pic d’infection de 45 à 49 ans.

  • Une vie sexuelle débutée à un âge précoce (sans se protéger contre les IST), ce qui augmente les « occasions » de rencontrer un ou des HPV.
  • Des partenaires multiples sans se protéger
  • Un ou des partenaires à haut risque (qui a/ont eu, lui ou eux-mêmes, des partenaires multiples sans se protéger efficacement contre les IST)
  • D’autres infections sexuellement transmissibles (IST)
  • Fumer, ce qui aggrave le risque de développer des lésions en cas d’infection à HPV
  • Toute situation d’immunité déficiente
  • L’âge (pic de prévalence avant 25 ans)
  • Les facteurs viraux eux-mêmes (charge virale, le génotype, les variants …)

Comment je m’infecte par le/ les HPV ?

  • par contact sexuel avec une muqueuse infectée : génitale, orale ou anale
  • par contact cutané
  • via des surfaces contaminées

L’utilisation des préservatifs n’entraîne qu’une prévention partielle car la pénétration n’est pas indispensable pour transmettre le virus, l’HPV étant présent sur la peau non recouverte par le préservatif. Les caresses sexuelles suffisent pour qu’il y ait contamination.

La transmission peut se faire d’homme à femme et/ou de la femme à l’homme, mais aussi d’homme à homme et de femme à femme.

Contact.. infection et ensuite ?

Bonne question ! Merci de me l’avoir posée

Les risques liés à une infection par l’HPV varient selon son type :

=> certains types se développent lentement, passent inaperçus et peuvent persister sous forme dormante (un peu comme ce qui se passe avec les boutons de fièvre… attention, les boutons de fièvre ne sont pas une forme d’HPV, ils sont causés par l’herpès HSV) et éventuellement disparaître spontanément ou avec l’aide de votre système immunitaire.

=> certains types vont donner des verrues (génitales ou autres d’ailleurs) et sont considérés comme bénins. Cela dit, les condylomes, je trouve, ne sont pas si anodins pour les patientes : « elles se sentent  salies/ sales ». On peut les traiter, je vous rassure, médicalement ou « chirurgicalement ».

=> enfin, les plus « méchants » peuvent entraîner des lésions (pré-) cancéreuses, voire des cancers

  • cancer de la tête et du cou
  • cancer du col de l’utérus
  • cancer de l’anus
  • cancer de la vulve …

Mais rassurez-vous, l’évolution vers une complication cancéreuse se fait sur une échelle de temps qui compte une bonne dizaine d’années en général (sauf si il existe un facteur de risque ajouté) :

Plus vite, on détecte les cellules qui deviennent atypiques et ensuite anormales, mieux on peut prévenir l’évolution défavorable et l’éviter (je vous rappelle que l’on ne soigne pas l’infection à l’HPV mais ses conséquences) :

Chez les femmes, le frottis est LA méthode de dépistage précoce (selon les données actuelles).

Le frottis est réalisé et ensuite examiné en laboratoire d’anatomie pathologique pour vérifier s’il contient des cellules anormales.

Remarque : AUCUN dépistage standardisé n’est organisé pour les HOMMES.

ET POURTANT, LES HOMMES SONT AUSSI VICTIMES DU PAPILLOMAVIRUS

Il existe néanmoins, des tests de détection des virus HPV, qui recherchent l’ADN des virus. Ils peuvent être faits chez les HOMMES et chez les FEMMES :

Ces tests détectent la présence de l’HPV mais pas ses conséquences comme une lésion pré-cancéreuse ou même un cancer. La présence d’un HPV signifie que vous pouvez le transmettre, non que vous êtes, forcément, déjà avec une lésion.

Ce n’est pas parce qu’un HPV a été détecté chez vous que vous allez faire un cancer, même si l’HPV est retrouvé dans quasi la majorité des cancers du col !

Le frottis standard est remboursé tous les 3 ans mais si l’aspect de votre col est atypique ou simplement « bizarre » (désolée pour l’expression), le médecin peut décider de faire un contrôle de laboratoire supplémentaire (qui sera alors remboursé). Près de 99 % des cancers du col de l’utérus sont causés par un HPV, c’est le RISQUE DE DÉVELOPPER un cancer qui peut être diminué par un suivi régulier.

Certains laboratoires d’anatomo-pathologie proposent aussi aux patientes de payer elles-mêmes leur frottis, vous pouvez donc le demander aussi à votre gynécologue (avant que le spéculum soit enlevé 😉

Comment se protéger contre l’HPV ?

Cette protection peut être primaire ou secondaire :

L’abstinence sexuelle ?

C’est une solution 😉 mais…..

Le « safe sex » est important et permet de prévenir de nombreuses infections sexuellement transmissibles (et une grossesse !)

La vaccination est un moyen efficace de prévention : la protection (via les anticorps que votre organisme va produire) détruira l’infection avec un ou des types d’HPV (qui sont dans le vaccin utilisé !) et empêchera l’infection de se propager et les lésions éventuelles d’arriver. Il est important d’être vaccinée jeune (avant 14 ans dans le schéma actuel qui ne compte que 2 injections -c’est gratuit !, les garçons et les filles sont maintenant concernés par cette vaccination depuis quelques années).

Si vous n’avez jamais été exposée à l’HPV, la vaccination reste une excellente idée : on parlera encore de prévention primaire !

Si ce n’est plus le cas, on parlera de prévention secondaire : plus vite vous faites cette vaccination (avant d’avoir « trop de partenaires différents » en fait), mieux ce sera : on peut espérer que votre exposition aux divers types d’HPV soit moindre (1 ou 2 types) parmi tous les types d’HPV couverts par le vaccin. La vaccination ne sera plus gratuite et elle sera faite en 3 doses injectées dans le bras.

Certaines mutuelles permettent un remboursement partiel du vaccin. Je vous invite à vous renseigner auprès d’elles.

On propose en général la vaccination surtout si la lésion a nécessité un traitement et pas un simple suivi, en partant du principe que tous les types ne sont, espérons-le, pas tous présents chez la même patiente. Le but est donc ici d’éviter une nouvelle infection par un type d’HPV inclus dans le vaccin.

Je souhaitais que cette information soit factuelle : il est actuellement quasi impossible d’éviter l’infection, je dirais. Même si vous n’avez qu’un partenaire dans votre vie, il peut être porteur de l’HPV en cas de contacts antérieurs avec le virus (1 ou plusieurs types). Le risque d’être porteur augmente avec le nombre de partenaires avant vous (voire avant lui si il n’a eu qu’une seule partenaire avant vous) …. Ne faites pas l’impasse de l’examen gynécologique, nous avons la « chance » d’avoir un dépistage standard, au contraire des hommes.

Le texte est de Vinciane Biernaux. Si vous l’utilisez, merci de créditer l’auteur.