L’important c’est de bouger ! Ou de l’importance de la pratique d’une activité physique régulière
À toutes les étapes de votre vie et à tous les âges, l’impact bénéfique d’une activité physique régulière (et adaptée « mon sport, mon corps » ) est reconnue sur la santé.
La sédentarité dans les pays industrialisés est un facteur de risque qui peut favoriser l’émergence d’un certain nombre de maladies (chroniques). D’après les estimations de l’OMS (OMS 2023 Health and development through physical activity and sport, Genève), l’inactivité physique serait globalement responsable d’ 1,9 millions de morts dans le monde; évitables par la pratique régulière d’une activité physique même modérée avec en prime une augmentation de la qualité de vie.
L’activité physique est entendue « comme tout mouvement corporel produit par contraction des muscles squelettiques et dont le résultat est une augmentation substantielle de la dépense d’énergie par rapport à la dépense de repos », ceci exclut l’usage de dopant ou la pratique du sport intensive (nous ne sommes pas tous des sportifs de haut niveau).
Selon l’OMS, 60% des adultes n’atteignent pas le niveau d’activité qui serait bénéfique pour leur santé, et les bénéfices directs ou indirects de l’activité physique re voient sur la santé de différents publics (enfants, jeunes, handisport, sénior …) et sur l’économie. OMS « move for health Day ».
Le sport est promoteur de santé s’il est associé à une hygiène et à une qualité de vie et qu’il respecte les limites ou les faiblesses physiques de chaque individu. Le sport intégrant la notion de performance, de dépassement de soi, de la compétition, le risque est de surexploiter la santé jusqu’à lui nuire. C’est pour cette raison que beaucoup préfèrent parler d’activité physique plutôt que de sport.
L’activité physique est fortement recommandée pour prévenir les pathologies chroniques et contribuer si pas au traitement mais à la prise en charge d’un très grand nombre d’affections de longue durée .. citons le cancer, le diabète ou l’obésité (qui est à elle seule, un facteur de risque de maladies) mais aussi les maladies neuro-dégénératives et psychiatriques.
Même si vous « n’aimez pas vous bouger », lorsque l’on pratique une activité physique, le corps va physiologiquement sécréter des hormones telles que l’endorphine, la dopamine ou l’adrénaline qui permettent de réduire le stress, améliorer la qualité du sommeil, diminuer les douleurs et enfin, avoir un effet anti-dépresseur;
l’activité sportive est donc, (neuro)-physiologiquement, une source de plaisir pour le corps
l’activité sportive est donc, (neuro)-physiologiquement, une source de plaisir pour le corps
(Au moins, une source de plaisir hormonal 😉 )
Ne négligez pas non plus que la pratique sportive crée du lien social pour peu que l’on dise bonjour à son voisin, et les associations sportives (ou clubs) sont des lieux de rencontres. On y gagne en confiance et en autonomie.
Le Club des Cardiologues du sport a rédigé 10 règles pour la « pratique cardiaque » en sécurité :
Les 3 principes qui sous-tendent ces 10 règles sont : 1)faire attention à sa santé 2)respecter le bon sens 3)repérer les signaux anormaux (ALARMANTS) qui DOIVENT faire consulter.
La notion de sport-santé recouvre la pratique d’activités physiques ou sportives qui contribuent au bien-être et à la santé du pratiquant conformément à la définition de la santé par l’OMS : physique, psychologique et sociale.
Que manger avant de faire du sport ?
Bien manger mais pas n’importe quoi (et idéalement attendre une heure - une heure et demie entre un repas et l’activité physique).
Il est préférable de ne pas faire de gros repas avant l’exercice physique (le corps ne peut pas digérer « lourdement » et utiliser ses muscles en même temps, le sang est distribué pour l’une ou l’autre fonction => soit on utilise ses muscles en ayant mal au ventre, soit on digère mais on va souffrir pendant l’entraînement ) et ne rien manger peut, parfois et chez certains, jouer des tours pendant l’effort ( sur ce point-là précisément il faut se connaître).
Penser à boire suffisamment d’eau avant ( et vider sa vessie avant de faire du sport pour éviter les soucis de périnée), pendant (mais pas s’inonder d’eau 😉 ) et après l’effort.
Sport et santé
À quel moment est-il préférable de faire du sport ?
durant la journée
évitez de faire du sport intensif en soirée (par contre, privilégiez une petite promenade après le repas..)
En effet, les activités physiques trop proches du coucher peuvent perturber l’endormissement ( par l’excitation et par l’augmentation de la température corporelle ).
Par contre, pratiquer une activité physique régulière durant la journée aidera à trouver un sommeil de meilleure qualité.
Et comment ?
un peu de sport (4X) dans la semaine.
Il est préférable de faire un peu de sport tous les jours plutôt que beaucoup en une seule fois
Et si je suis fatigué.e ?
raison de plus d’aller faire du sport !
Le sport est un excellent remède contre la fatigue
Le sport aide à retrouver sa forme
La durée de chaque session de sport dépend de son intensité : par exemple, 45 minutes de marche lente sont équivalentes à 20 minutes de jogging.
Si vous êtes fatigué.e, pratiquez une activité + douce + longtemps pour les mêmes bénéfices qu’une activité + intense sur un laps de temps + court.
Les boissons pour sportifs sont-elles plutôt conseillées ?
aux sportifs de haut niveau !
Il est peu probable qu’une heure de gymnastique douce entraine des pertes nécessitant cet apport.
Nb ces boissons ne sont pas anodines car elles sont riches en sucre ! Il faut bien lire la composition (idem pour les boissons avec des protéines - consommez consciemment !)
Quels sont les meilleurs sports pour la santé ?
les sports d’endurance ! Marche rapide, natation, HIIT (high intensive interval training), jogging, vélo, marche nordique ….
Les sports d’endurance font travailler et le système respiratoire et le système cardiovasculaire.
le yoga, le « pilate » et les sports de renforcement musculaire
En jogging, pex, comment savoir si l’on est au bon rythme ?
il faut pouvoir parler
Le bon rythme permet juste de parler tout e courant
Le sport est-il contrindiqué aux personnes atteintes d’une maladie chronique ? Asthme, diabète, cancer …
NON, au contraire, le sport est recommandé ! Cf la capsule sur le cancer du sein
Il faut parfois respecter quelques précautions et conseils spécifiques mais le sport régulier est un atout pour aider à maîtriser la maladie, évacuer son anxiété, éviter la déprime, mieux dormir.
Le sport compense-t’il les effets du tabac ?
NON ! Le sport même intensif ne permettra JAMAIS d’en compenser les effets négatifs.
Le sport diminue un facteur de risque cardiovasculaire
En conclusion, il faut mieux se sevrer de la cigarette dans tous les cas, mais mieux vaut fumer et faire du sport, que de fumer sans faire de sport
Le sport fait-il maigrir ?
NON le sport permet de stabiliser son poids et de modeler sa silhouette.
Mais dans le cas d’une démarche santé alimentaire, le sport est recommandé à toute personne qui désire perte du poids.
la masse musculaire pèse + lourd que la masse graisseuse : en renforçant son corps, on ne perdra pas beaucoup de poids sans associer d’autres bonnes résolutions : mieux manger, moins d’alcool …
Bon à savoir
Si je souhaitais me remettre au sport en tout sécurité :
N’oubliez pas qu’un spécialiste en médecine physique peut vous aider : peut-être êtes-vous ou entrez-vous dans les conditions de remboursement (dans le cadre d’une maladie chronique : cardiovasculaire, cancer …) d’un programme de revalidation.
Je vous invite à lire aussi les capsules suivantes
les bienfaits de l’exercice physique (synthèse)
on note aussi des avantage psychologiques qui découlent de ces améliorations physiques :
Les signes d’une mauvaise condition physique
Voici quelques-uns des signes les plus courants d’une mauvaise condition physique, qui vous permettront de savoir que vous avez besoin d’exercice physique :
Votre niveau de condition physique
Intensité | fréquence | durée |
quelle est l’intensité de votre activité physique ? | combien de fois par semaine faites-vous de l’exercice ? | quelle est la durée de cette activité ? |
intense = 5 points vélo de course, course à pied en « compétition », aérobic | 3 fois ou plus = 5 points | de 21 minutes à 1 heure = 5 points |
modérée = 3 points jogging, marche très rapide | 1 à 2 fois = 2 points | de 11 à 20 minutes = 3 points |
légère = 1 point golf, promenade, ménage | pas du tout = 0 point | 10 minutes ou moins = 1 points |
Additionnez vos points, vous vous en doutiez n’est-ce pas ?
Résultat final | niveau de condition physique | mesures recommandées |
13 à 15 points | très bon 🙂 | félicitations ! Conservez vos bonnes habitudes |
8 à 12 points | moyen | vous êtes relativement sédentaires et devriez augmenter votre niveau d’activité physique |
7 ou moins | médiocre 🙁 | prévoyez un programme d’activité physique, n’hésitez pas à consulter votre médecin généraliste ou un spécialiste en médecine physique pour établir un programme de re validation |
Si vous n’ aimez pas les tableaux, vous pouvez aussi prendre votre pouls au repos (= le nombre de battements cardiaques à la minute) :
ce pouls au repos est une moyenne, vous devez être au repos (le matin dans votre lit, ou assis.e en train de lire un chouette livre )
Je vais aborder la douleur chronique, je ne prétends nullement en être une spécialiste. Alors là sûrement pas, la médecine et la douleur … moi j’ai appris que c’était un signe clinique comme une tension artérielle ou une claudication. Douleur aiguë et douleur chronique : si le signe clinique est la douleur aiguë, la douleur chronique ce serait quoi? Un syndrome ? Une maladie ? … On n’en parlait pas pendant mes études. Elle n’existait tout simplement pas dans ma formation médicale initiale.
Pourquoi avons-nous mal ? En fait ….
la douleur peut être bénéfique : elle est alors aiguë et agit comme un signal d’alarme : DANGER ! Il existe un risque de blessure, de brûlure, une infection, un os cassé … la douleur va alors nous signaler que nous sommes en DANGER et qu’il faut se PROTÉGER, et se SOIGNER : une action est requise. Ceci est un des nombreux systèmes dont nous disposons pour vivre : un système digestif, un système nerveux …. Et un système de la douleur : des fibres nerveuses spécialisées (et un cerveau).
Tous ces systèmes (digestif, nerveux, endocrinien, musculaire …) peuvent ne pas fonctionner correctement donc, pourquoi le système de la douleur ferait-il exception ? Et quels en seraient les mécanismes ?
soit en ne transmettant pas suffisamment la douleur / le danger (et même, il existe certaines conditions physiques qui empêchent de ressentir toute douleur)… super me direz-vous … mais la peur (et donc la prudence) et l’apprentissage seraient, ainsi, impossibles avec de graves blessures à la clé qui pourraient en prime s’infecter…
soit en provoquant une sensation trop importante : la moindre chose est alors excessivement douloureuse, voire même de simples gestes (comme être touché.e ou encore pire, un geste banal, quotidien, de tous les jours) deviennent de plus en plus douloureux voire intenables, ou même des douleurs apparaissent sans raison, d’une manière aléatoire et imprévisible : ceci est plus ce qui se passe dans la douleur chronique.
Les causes de la douleur
Le système de la douleur est un système vivant composé de cellules, des cellules nerveuses (aka neurones), qui s’adaptent, se modifient, changent (comme toutes les cellules de notre corps, d’ailleurs). Certaines de ces cellules peuvent devenir + sensibles, l’hypersensibilité est un phénomène physique, observable et mesurable. Les douleurs excessives ne sont dans pas dans la tête, elles existent : ces cellules sont devenues trop sensibles et /ou réagissent trop facilement ou excessivement.
Ce phénomène est adaptatif : après une blessure, de SURprotéger la zone blessée lui permet de guérir plus vite et de rétablir ainsi rapidement l’intégrité du corps : ceci était (et l’est toujours) indispensable à la survie, à une époque pas si lointaine où non seulement les analgésiques n’existaient pas, mais aussi les chirurgiens ou les anesthésistes, ni les antibiotiques (l’infection survient plus fréquemment si la plaie reste ouverte plus longtemps …) : le corps va sécréter des substances pour rappeler de prendre soin de cette zone blessée ou qui doit guérir ou se cicatriser au plus vite et au mieux. Ce phénomène physiologique (et normal) ne dure que quelques semaines, le temps de guérir et ensuite, les choses rentrent dans l’ordre.
Parfois, ce phénomène physiologique (pour rappel et normal) ne régresse pas aussi vite, ou ne se concentre pas qu’à la zone blessée mais s’étend à d’autres régions du corps.
C’est l’hypersensibilité centrale
Les algologues (les spécialistes de la douleur qui travaillent dans les cliniques de la douleur) comparent cette hypersensibilité centrale à un système d’alarme incendie, qui se déclencherait au départ pour un feu dans votre maison : bruyante et irritante (le but est quand même de faire réagir et de sauver les occupants) mais qui deviendrait trop sensible et sonnerait même pour une bougie d’anniversaire pex, voire pour aucune flamme (ou fumée) et donc, finirait par PERTURBER la vie quotidienne en sonnant tout le temps. De même qu’une alarme incendie se règle, se calibre au risque d’avoir des fausses alertes trop fréquentes…le but de la prise en charge est de rendre les cellules nerveuses moins sensibles. Pour info, ce n’est malheureusement pas aussi simple dans le vivant.
La place du cerveau
Comme je vous le disais, la médecine avait une perception simpliste de la douleur : elle ne pouvait être que physique ou psychologique : il est difficile de soigner quelque chose qui ne se voit pas, tu cherches la lésion ou la maladie mais s’il n’y en a pas ou plus (la blessure a été guérie).. alors tu soignes quoi ?
Si tous les examens médicaux sont négatifs, on ne trouve rien … aucune blessure, tout est normal…. Alors c’est dans la tête ?
pour faire simple (et un peu trop schématique 😉 )
Beaucoup de progrès ont été accomplis ces 20 dernières années (approche bio-psychosociale) : la dichotomie physique / psychologique est maintenant abandonnée.
La douleur a 2 composantes : des signaux nerveux de « danger » issus du corps (< de la périphérie et je vous rappelle que les fascias qui sont « partout » dans le corps possèdent un grand nombre de récepteurs et seraient même plus impliqués dans nos perceptions physiques que les muscles pourtant fortement innervés déjà - cf les fascias) et une analyse et une interprétation complexes du cerveau, influencées par plein de facteurs (théorie bio-psychosociale) :
les fibres nerveuses du corps détectent un danger => l’information est envoyée au cerveau : ceci n’est pas suffisant pour déclencher un phénomène de douleur : le cerveau, et ceci est un processus inconscient (nous n’en avons pas conscience) et rapide, va analyser en premier lieu, les signaux reçus de la périphérie : à ce stade, la « douleur » n’est encore qu’un signal nerveux : selon plusieurs facteurs (mémoire, traumatisme ancien, croyance personnelle …), le cerveau va « colorer », « connoter » le signal : cela deviendra une douleur légère, modérée ou intense, ou sera complètement occulté et donc, indolore (comme lors d’une compétition sportive où on veut gagner à tout prix ou lors d’un accident où il faut agir pour sauver d’autres personnes …) : le cerveau intervient donc dans la « création » de la sensation douloureuse.
Le cerveau joue un rôle important dans TOUTE douleur, qu’elle soit physique (blessure, pex), ou liée à une maladie. Le traitement de toute douleur doit prendre en compte le rôle du cerveau dans la PERCEPTION de la douleur
Le cerveau va libérer des substances chimiques qui vont influencer la douleur : il peut ainsi bloquer les messages nerveux venant de certaines parties du corps (marcher sur une punaise fait mal mais sera négligé si vous marchez sur cette même punaise en fuyant un incendie) quand la survie de l’organisme est en jeu : un contrôle interne va diminuer la douleur
l’inhibition descendante
Les substances chimiques que le cerveau va produire vous en connaissez déjà quelques unes, c’est certain
L’inhibition descendante est donc activée par le cerveau mais ces substances chimiques libérées vont voyager dans tout le corps, notamment par la moelle épinière, dont une partie va transporter les messages tant chimiques que nerveux de cette voie inhibitrice vers le reste du corps : les substances chimiques vont agir en empêchant la communication entre 2 cellules nerveuses et bloquer les messages de danger liés à une blessure ou une inflammation.
la communication entre 2 cellules nerveuses (aka neurones)
Bien évidemment, les animaux possèdent ce système d’inhibition descendante : il a été découvert chez la souris dans les années 1970 (!!) et chez les poissons en 2013.
Ce système d’inhibition peut être activé par diverses techniques qui ne nécessitent pas toutes un incendie ou un lion menaçant pour fonctionner 😉 : ce faisant, on pourrait réduire une douleur résiduelle liée à une blessure ou à l’hypersensibilité centrale.
Super me direz-vous … oui … mais (il y en a souvent un…), le corps est bien fait et cherche l’équilibre, cela s’appelle l’homéostasie, il y a donc un système contraire, qui est capable d’amplifier les messages nerveux de danger via la libération de transmetteurs chimiques (comme la cholécystokinine, qui intervient dans de nombreux processus physiologiques comme la digestion, la satiété => injectée, elle va induire nausées, anxiété et diminuer l’envie de manger, on pense qu’elle intervient dans la tolérance à la morphine avec comme conséquence la nécessité d’augmenter ses doses, et serait un médiateur de l’hyperalgésie), qui vont aussi suivre la moelle épinière et atteindre la périphérie du corps : elles agissent de la même manière : en s’interposant entre 2 cellules nerveuses mais elles, elles amplifient la transmission des signaux nerveux dûs à une blessure ou à l’inflammation. Malheureusement quand ce processus est activé trop souvent, le corps s’adapte et devient hypersensible pour une longue durée :
il s’agit de la facilitation descendante
avec pour conséquences possibles, une « discordance » entre une petite blessure et une douleur importante, une douleur persistante sur une ancienne blessure, guérie depuis longtemps et on sait que la facilitation descendante peut rendre les fibres nerveuses sensibles en l’absence de blessure ou de lésion. Elle agit en amplifiant la douleur.
Certaines personnes ont génétiquement ce système hyperactif (naturellement de naissance) et seront donc plus susceptibles de développer une douleur persistante (et chronique) suite à une blessure, à une maladie, à des modifications habituelles comme l’arthrose ou des discopathies. D’autres facteurs existent
Vous l’avez compris, réduire l’activité de cette facilitation descendante est une des composantes importantes de la prise en charge de la douleur chronique.
Le ressenti de la douleur
Un petit scénario :
une soirée devant un film assis sur le divan. D’un côté, vous êtes avec un.e ami.e, le film est romantique ou comique, la lumière de la pièce est douce, vous êtes bien installé.e.s. Votre ami.e vous touche l’épaule. De l’autre côté, vous êtes seul.e, la pièce est dans le noir ou quasi et le film est un film d’horreur… quelqu’un vous touche l’épaule : moi, je crie de surprise si pas de peur… pourtant, objectivement c’est quasi le même geste : d’un côté c’est de la tendresse, amitié, amour .. de l’autre une menace : la différence ? Elle est au sein du cerveau qui «décide », « teinte » le ressenti du geste : agréable ou (franchement) désagréable.
Besoin d’un autre exemple ? Pensez à votre cou
le lien avec la douleur ? L’interprétation des signaux nerveux : si le cerveau interprète les signaux nerveux d’alarme comme n’étant pas une menace, il va libérer les médiateurs chimiques de l’inhibition et réduire la sensation : je reste relaxe, cool les gars… Au contraire, si le cerveau estime devoir avoir plus d’informations sur la zone ou sur ce qui se passe, il va en amplifier la perception via la facilitation descendante.
Une information périphérique arrive donc au cerveau => question : c’est quoi ? Je dois stresser ou je reste coooool ? Comment faire la part des choses pour le cerveau ? En se renseignant, en recherchant des informations complémentaires => compréhension de la situation.
Ici va intervenir la mémoire, votre mémoire
dans la recherche de l’information pour catégoriser la perception, le cerveau va chercher dans sa base de données (certaines études disent que l’on n’oublie rien mais que les émotions, le goût, l’odeur.. pensez à la madeleine de Proust- aident à « ramener » les évènements passés) : vous avez lu que ( !! Aïe Google)…, vous avez entendu que… on vous a dit que (je connais quelqu’un qui, tu sais, ..) … ou vous croyez que … (je suis toute cassée, je suis fragile, je me blesse toujours…) … la façon dont vous comprenez le problème à la base de la perception va influencer votre vie quotidienne :
mais non seulement cela, également l’intensité de la douleur liée à la perception : si vous liez, avec raison ou non (merci Google, qui n’est pas toujours notre ami..), votre perception avec un diagnostic, une menace sérieuse pour vous… votre corps va, logiquement, amplifier la perception pour protéger votre corps, votre intégrité (facilitation descendante) => la douleur fait plus mal… au contraire si l’information que vous recevez la relative : c’est normal pour l’âge, avec un peu de patience et d’exercices, cela va aller mieux …et si elle est plutôt rassurante, votre cerveau va amplifier les « bonnes » substances et diminuer la douleur (inhibition descendante).
Si vous êtes rassuré.e sur l’origine de la douleur : votre colonne va bien, il n’y a rien de fragile, vous ne risquez pas de vous « casser »…, si on modifie la compréhension de la douleur en clair, on encourage de nombreux effets positifs comme un mécanisme d’inhibition descendante qui peut persister jusqu’à 3 mois !
Comment expliquez- vous, vous, votre douleur ?
bref, comment pourriez-vous, de quelles informations auriez-vous besoin, pour penser à votre douleur en terme de facilitation descendante (-) ou inhibition descendante (+) ?
Où trouver ces informations ? Auprès de quel.le.s spécialiste.s ? Médecins, kinésithérapeutes, ostéopathes, algologues, psychologues, coaches de vie …..Là cela va se compliquer d’autant plus que la douleur est présente depuis longtemps.. sorry hein … 🙁
De plus amples informations ?
Notre cerveau reçoit énormément d’informations en même temps : position de nos articulations, la vue, les sons, le toucher, la chaleur .. si nous étions conscients de tout cela, de tous ces messages sensitifs, nous serions submergé.e.s : il n’y a qu’à penser à notre désarroi quand le téléphone sonne, que l’on vient vous parler en même temps et que vous réfléchissiez sérieusement à quelque chose (Ok, c’est un de mes exemples perso) … le cerveau va trier, heureusement pour nous !, tout cela et ne garder que les inputs pertinents (reste à savoir comment nous avons entrainé notre cerveau à considérer ce qui est pertinent ou ce qui ne l’est pas…) => votre conscience ne « voit » que ce qui est important (pour le plaisir, pour le danger, pour CET instant ..) à ce moment-ci, on ne captera pas ce qui se passe à l’intérieur de nous (notre digestion, notre coeur, …) ni à l’extérieur de nous (sentez-vous le toucher de vos chaussettes tout le temps ? Ou le bruit de fond … du moins avant que je ne l’écrive ) => tout cela reste latent, sous la surface de votre attention.
L’attention ou système d’attention sensorielle
le lien avec la douleur ? Ce mécanisme d’attention, de tri s’active dès la perception, c’est-à-dire avant que vous en soyez conscient.e, détermine si la perception est pertinente (alors la perception risque de devenir une douleur s’il s’agit d’une sensation désagréable) ou non (la perception restera sans signification douloureuse). Ce mécanisme de tri peut évidemment être dysfonctionnel en rendant le cerveau moins performant, moins efficace en sélectionnant une partie de votre corps, et en HYPER-sentir chaque perception comme si c’était HYPER important pour notre survie.
Une des bases d’aide dans la prise en charge de la douleur chronique est de ré-entraîner ce système d’attention sensorielle (revalidation).
La sélection (de l’attention)
Ou comment le cerveau sélectionne-t’il les signaux auxquels il reste attentif ?
Ou au contraire, comment le cerveau choisit-il d’ « oublier » certains signaux ?
Certains signaux sont par nature, spéciaux et nous en prenons quasi toujours conscience, ou bien simplement trop intenses (trop bruyants, trop lumineux … trop quelque chose..) ou trop étranges (inclassables du coup) : du coup, ils vont capter toute notre attention en cet instant.
Ou bien, nous avons appris à les sélectionner par choix, désirs ou objectifs, notre cerveau va les privilégier au détriment d’autres signaux (et OUI, on ne peut pas faire plusieurs choses en même temps - ou, du moins, pas trop de choses … 😉 ).
Mais OK et la douleur ?
La sélection va changer nos lunettes mais aussi nos perceptions corporelles : si la douleur est au centre de votre présent, le cerveau va se concentrer sur les informations centrées sur celle-ci, si au contraire, vos objectifs actuels sont autres, il va diminuer son attention sur celle-ci : changer mes objectifs peut changer ce que je ressens.
La modulation
Lors d’un concert, un ingénieur du son va « doser » le son qui vient de tous les musiciens sur scène surtout si il y a un solo par ex, le public va alors « mieux » entendre CE musicien, alors que tous les autres continuent peut-être à jouer. Notre cerveau fait pareil : il module et modifie les sensations.
Il existe des millions de cellules nerveuses (aka neurones), la modulation va concerner les choses importantes (alarme, curiosité, objectif, désir, nouveauté) et diminuer le reste.
Une croyance : plutôt que de DÉTOURNER mon attention de la douleur (ce qui est une stratégie), je préfèrerais RÉSOUDRE le problème. Ok, je comprends mais DÉTOURNER son attention n’est pas seulement une stratégie mais aussi une solution car cela va RÉDUIRE réellement le volume de l’activité nerveuse (les signaux nerveux de la douleur) dans le cerveau et la moelle épinière et ce, durablement et à long terme (neuroplasticité).
Résumons
La menace capte notre attention : le cerveau donne la priorité aux menaces : + elles sont élevées, + notre attention sera forte voire absolue : il s’agit de la focalisation.
3 pensées à propos de la douleur la rendent encore plus menaçante (et en augmenter l’intensité) :
Quelque chose de dangereux se passe à l’intérieur de mon corps
Cette douleur va m’empêcher de faire les choses que j’aime
Je vais souffrir pendant longtemps
Le cerveau va aussi avoir plus de mal à se focaliser sur autre chose que la douleur (risque de dépression) : ces « idées » négatives entraînent un cercle vicieux. Une des étapes de soin de la douleur chronique va être de sortir de ce cercle vicieux et essayer (ce n’est pas facile pour autant) d’entrer dans un cercle vertueux : avoir un contact avec un professionnel (de la douleur ou de la zone concernée..), recueillir un diagnostic ou pronostic honnête et être rassuré.e est un premier pas.
Des objectifs et priorités
Nos objectifs en matière de soulagement de la douleur vont influencer ce que nous ressentons. Il faut savoir que certains anti-douleurs peuvent en fait augmenter le processus : je ne veux pas avoir mal je prends un médicament, je ne veux pas avoir mal je prends un médicament… vous voyez ?
En simplifié, on se focalise plus encore et du coup, on augmente ce phénomène d’hypersensibilité centrale (importance de la communication thérapeutique).
Un plan de TRAITEMENT qui se baserait sur autre chose que cette douleur pourrait vous aider : DEFOCALISER. C’est l’approche bio-psychosociale : passer de « je ne veux plus avoir mal » à « j’améliore ma qualité de vie », aider notre cerveau à utiliser un autre filtre concernant les signaux prioritaires : avec le temps (et pour être honnête, cela va prendre beaucoup plus de temps dans le sens de la désensibilisation centrale que dans le sens de la sensibilisation centrale : nous avons été sélectionné.e.s depuis des millénaires à privilégier les signaux d’alarme - et c’est là où l’optimisme naturel (oui, oui il y a des gens qui naissent résolument optimistes !!!) devient une qualité pour toute sa vie (cela a été étudié en psychologie positive)…
mais alors j’ignore le problème et éventuellement son traitement si il existe ?
NON NON, mais cela va nous aider à SURMONTER la douleur dont nous souffrons : des études scientifiques ont montré que tenter de contrôler la douleur augmente justement l’attention portée sur les sensations corporelles (Journal of Pain, 2015 Durnez & Van Damme) : si je cherche à trouver la solution pour mon dos, mon cerveau va sélectionner, trier TOUT LE TEMPS les informations provenant de cette zone, plus j’ai le DÉSIR de contrôler cette douleur, plus je vais sentir mon bas du dos (attention sélective).
Modifier mon point de vue sur ma douleur, préférer la qualité de vie au soulagement de la douleur, permet à mon cerveau de se désensibiliser avec des modifications structurelles visibles en imagerie.
A quel point ma vie tourne-t’elle autour de ma douleur ?
Comment me décentrer et ré-ouvrir mon monde à autre chose que la douleur ?
3 astuces
1.
Ne pas chercher un traitement magique qui supprimerait FACILEMENT la douleur : facilement car si elle est chronique (= qui dure depuis minimum 3 à 6 mois), elle ne va pas partir avec un bouton ‘stop’
Ne pas mettre sa vie entre parenthèses en attendant que cela s’arrange : en vous privant de vos loisirs, joies .. en restant dans son fauteuil, cela ne fera qu’augmenter la tristesse et la dépression (qui est fréquemment associée à la douleur chronique) et maintiendra l’attention sur la douleur (focalisation renforcée) : il n’y pas grand chose à faire d’autre qu’à y penser dans son fauteuil en regardant dehors les gens qui eux ont l’air de ne pas souffrir …
Trouver des activités que l’on peut faire ( = du moment que la douleur n’augmente pas) ou des choses qui ont du sens : voir des gens, ses amis, bouger (marcher, nager … danser), entrer dans une équipe de bénévoles, se plonger dans ses hobbies, s’amuser. Il est important de reprendre ce que l’on faisait « avant » en ajustant, ou imparfaitement, ou différemment
2.
Ne pas analyser constamment sa douleur : où j’en suis ? Est-ce pire ou mieux que hier ? (Renforcement de l’attention et focalisation) mais voir ses progrès : je me sens plus en forme que hier quand je fais ma marche quotidienne, …. J’ai souri lors de ma session de danse à ma voisine… j’ai pu jouer avec mon chien / chat / petit-enfant /…
3.
Changer mes motivations : je fais ceci non pas pour diminuer ma douleur mais je le fais pour rester en forme et en bonne santé (malgré tout 😉 ), je médite non pas parce que je sais que cela diminue la douleur (et surtout j’attends bien entendu que cela diminue ma douleur !) mais parce que je suis calme et concentré.e et cela me permet d’accomplir mes objectifs ou de faire autre chose…
Apprendre à changer d’objectifs, de motivations, de priorités n’est pas facile mais aide à récupérer une qualité de vie. Lutter n’est pas toujours la solution pour réussir.
C’est ici que les techniques de pleine conscience, qu’il faut entraîner, peuvent aider :
si LA douleur apparaît, si elle est présente depuis longtemps (douleur chronique) ou si elle survient par crises, si vous avez déjà consulté et que vous avez été rassuré.e à propos de sa cause, vous pouvez « examiner » et prendre un temps : vous focalisez votre attention sur ce qui se passe : pas sur « je dois avoir moins mal » mais « comment j’ai mal » : la zone, les sensations corporelles (piqûre, chaleur, lancements, pression ..), l’intensité de cet instant, les réactions émotionnelles associées (colère, peur, tristesse, frustration, impatience, solitude ..) : accueillir et accepter ( de toute manière, à vrai dire, a-t’on un autre choix ? Cela fait des mois qu’elle est là) - prendre entre 3 et 10 respirations profondes, calmes et conscientes (cela fait tellement de bien de respirer). Ensuite portez votre attention sur autre chose : une autre zone de votre corps, une musique, le thé que vous buvez : soyez curieux.se, explorez tout ce que vous pouvez, tous les détails de votre nouveau centre d’intérêt.
Ensuite revenez sur la douleur et recommencez l’analyse complète de tout ce que vous pouvez recueillir à son sujet et reportez ensuite votre attention sur l’autre sujet (3 cycles au total), la motivation derrière cet exercice est importante : « je pratique ma flexibilité mentale », « j’analyse ma douleur d’une manière analytique, froidement et pas émotionnellement », « je renforce ma capacité à pouvoir faire autre chose quand j’ai mal », « j’entraîne mon aptitude à rester calme même dans les crises » (vous avez compris que cela va diminuer la facilitation descendante et renforcer l’inhibition descendante)…. À vous de trouver la phrase qui vous parle (changer de point de vue), n’hésitez pas à demander de l’aide, surtout si vous êtes « la douleur » depuis (trop) longtemps, pour construire cette motivation nouvelle.
Le sommeil et la douleur
La relation est dans les 2 sens :
si j’ai mal, je dors mal
mais 50% des insomniaques vont développer une douleur chronique :
Un mauvais sommeil est un facteur de risque majeur pour le développement d’une douleur persistante
Mauvais sommeil ? Insomnie (difficultés à s’endormir, nuits blanches) mais aussi, sa qualité : certaines nuits sont plus reposantes que d’autres, le sommeil est-il profond ou léger ? (et cela va expliquer les fluctuations des pics douloureux) (Sleep 2015 Vanini G.).
Ne sous-estimez pas l’effet du sommeil et n’hésitez pas à consulter un médecin du sommeil (somnologue) : prenez soin de mentionner tous les médicaments que vous prenez.
En attendant votre rendez-vous, limiter déjà certains comportements peut déjà aider : la lumière vive en soirée, les écrans d’ordinateur ou de smartphone (porter des lunettes oranges si vraiment vous êtes obligés de les utiliser). Écrire vos pensées récurrentes dans un carnet au lieu de les ressasser, ne pas regarder l’heure si vous vous réveillez. Si vous ne dormez pas, sortez de votre lit et faites autre chose mais choisissez un truc ennuyant ….
Enfin, méfiez-vous des opioïdes (morphine et codéine)
Ne faites pas d’auto-médication ! Si ils marchent PONCTUELLEMENT sur la douleur, leur prise régulière va entraîner non seulement un phénomène d’accoutumance (avec pour conséquence, des doses de + en + élevées avec de - en - d’effets) qui peut s’avérer dangereux pour votre vie, mais aussi une hyperalgésie induite par les opioïdes avec une activation de la « mémoire » de la douleur (système NMDA) surtout si vous fumez ou que vous fumiez avant.
Mais privilégiez les liens sociaux
les sentiments de solitude ou d’isolement social vont potentialiser la douleur
Lutter contre sa douleur et le repli sur soi et sortir, s’ouvrir aux autres, selon vos capacités du jour, est une des manières naturelles et accessibles (via l’ocytocine pex) de diminuer la douleur : l’ocytocine va du cerveau via la moelle épinière désactiver les cellules nerveuses impliquées dans la douleur physique (J. Endocrinol. 2015 Paloyelis Y)
D’autres approches complémentaires vont insister sur bien manger (éviter l’alimentation pro-inflammatoire : l’inflammation via les systèmes des fascias va augmenter la douleur), bouger (et mobiliser ses fascias, reprendre confiance en soi et en ses capacités), limiter les perturbateurs endocriniens (pour rappel, ils agissent dans notre corps par mimétisme avec nos propres hormones)
En résumé : la notion de douleur chronique en médecine est récente, et a été longtemps négligée. L’amélioration de la qualité de vie n’implique pas uniquement les médicaments (sous quelque forme que ce soit) mais demande un changement (NEUROPLASTICITE) dans nos cerveaux. C’est la prise en charge bio-psychosociale.
Cet article est rudimentaire, j’ai essayé de synthétiser ce que j’ai appris et collecté : vous l’avez compris, il n’y a pas de traitement miracle de la douleur chronique; chaque personne est unique avec sa mémoire, ses croyances… (et je vous rappelle qu’en face, le thérapeute a ses propres « casseroles », bagages et ensemble, il va falloir trouver un terrain d’entente et d’entendre ); ce n’est pas simple et facile.
Pour que, enfin, j’oublie d’avoir mal ;-)…. C’est ainsi que je parle quand j’ai mal
Si vous avez lu ce que j’ai écrit mais cela ne vous semble pas très clair, je vous invite à aller lire cette brochure, peut-être qu’elle vous parlera plus 😉
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Négligés pendant mes études de médecine, ils sont sur le devant de la scène actuellement. On en parle en YOGA, en Médecine Traditionnelle Chinoise mais aussi en ostéo-thai massage, et même en médecine plus traditionnelle.
Mon but, ici, est de concentrer ce que moi, j’en retiens et qui me parait pertinent et intéressant pour toute pratique corporelle mais aussi pour une approche plus fonctionnelle du corps humain (et notamment dans le contexte des Douleurs Chroniques).
La définition officielle du fascia (International Fascia Research Congress) : «composant tissulaire mou du système tissulaire conjonctif qui imprègne le corps humain. Ce tissu conjonctif est omniprésent dans le corps humain. Il forme une matrice continue en 3 dimensions offrant un support structurel à tout l’organisme. Les fascias interpénètrent et entourent tous les organes, muscles, os et fibres nerveuses. Ils forment un environnement unique pour le fonctionnement des systèmes de notre organisme. Le champs de cette définition s’étend à tous les tissus conjonctifs fibreux et inclut les apnévroses, les ligaments, les tendons, les réticanula, les capsules articulaires, les membranes vasculaires et organiques, les méninges, le périoste et les fibres intra et intermusculaires du myofascia.
Regardez à ce propos cette petite vidéo de ARTE, elle résume bien la suite de mon texte 😉
Succinctement mais je vous invite à ne pas vous arrêter là 🙂
les fascias sont un « organe » qui entoure et relie tous les organes du corps.
Cet « organe » est un tissu tridimensionnel, continu de la tête aux pieds, et de la peau à chaque cellule à l’intérieur de notre corps.
Fascia signifie « faisceau, bande » en latin.
Vous en avez déjà vus : c’est la fine membrane qui entoure un filet de poulet et qui se termine par un tendon blanc.
Test pratique (tiré du livre Prendre soin de ses fascias de Nora Reim) : les pieds sur le rebord d’une marche, laissez descendre les talons sous la marche. Vous sentez le tendon d’Achille qui se tend du talon, parfois on le sent même de dessous l’arche du pied, vers le mollet, voire même qui remonte le long de l’arrière de vos cuisses ? C’est un fascia !
La discipline médicale la plus en contact avec les fascias est la chirurgie mais ce sont bien les fascias sur lesquels les massages ou les étirements agissent.
les fascias ressemblent à une vaste toile d’araignée blanche, parfois translucide, tissée soigneusement à travers tout le corps. Pour certaines, ils pèseraient pas moins d’un TIERS du poids d’un adulte! (Image ARTE)
Composés de tissu conjonctif (« qui conjoint, qui unit »), ils sont formés de fibres, de cellules et de molécules baignant dans un gel aqueux appelé matrice extracellulaire :
Cette matrice est aussi un carrefour de vaisseaux sanguins et lymphatiques mais aussi de tissu nerveux, ce qui permet de les mettre en étroite relation avec tous les autres systèmes de notre corps : les fascias constituent un « organe » doté ( si ce n’est le plus doté 😉 ) en récepteurs sensoriels, tournées tant vers l’extérieur que vers l’intérieur du corps.
Cette matrice est aussi un carrefour de vaisseaux sanguins et lymphatiques mais aussi de tissu nerveux
Enfin, cette matrice est énergivore et donc riche en mitochondries (nos petites usines intracellulaires pour produire de l’ATP, énergie pour nos cellules).
Pour autant, cette matrice ne forme pas un « bloc » mais sa composition varie d’une fonction à l’autre, elle sera plus ou dense, plus ou moins souple. Sensible aux hormones, sa structure dépendra du moment du cycle, de l’étape de la vie d’une femme ou d’un homme à une femme.
Le système fascial est décrit comme un squelette intérieur souple et adaptable (C. Courraud, Fascias, le nouvel organe clé de votre santé, 2019).
Leurs propriétés
Elles sont liées à leur structure
Quelles fonctions ont les fascias ?
Ils protègent, soutiennent et séparent les organes.
Ils protègent, soutiennent et séparent les organes
Ils assurent la globalité du corps
Ils participent à la mobilité, la stabilité, l’adaptabilité, la coordination et la résistance à la gravité.
Le fascia serait notre plus grand organe sensoriel : ses récepteurs captent ce qui se passe autour de nous et à l’intérieur de nous (intéroception), la proprioception (perception de la position du corps dans l’espace : bien plus que les muscles, pourtant impliqués dans la position) et la nociception (perception de la douleur).
Siegfried Mense (Sensory Innervation of the thoracolumbar Fascia in Rats and Humans, neuroscience 2011) et son équipe ont ainsi démontré le lien étroit entre fascias, niveau de stress et mal de dos chronique. Il a démontré la présence de récepteurs de la douleur dans les fascias, qui sont, pour rappel, en nombre nettement supérieur que dans les muscles.
Fixant et libérant l’eau, passant de l’état de gel à celui de liquide selon les besoins d’hydratation, de lubrification et de minéralisation (les os pex) des tissus, ils sont le réservoir de tous les liquides. Ils participent à l’activité électrique cellulaire (et donc au fonctionnement au coeur de la cellule). Et ils sont indispensables à toute cicatrisation.
C’est au sein de la matrice, que s’opèrent les échanges entre le sang, la lymphe et les cellules permettant ainsi les fonctions physiologiques. Citons : le sommeil, l’élimination, la nutrition, l’immunité…. Et la mobilité des fascias contribue à la bonne circulation des fluides du corps : le sang et la lymphe.
Les mitochondries, très denses au sein des fascias pour produire l’énergie dont ils ont besoin, sont nécessaires aux processus intracellulaires et sont impliquées dans la maladie en général.
Le microbiote intestinal notamment, en fabriquant des substances servant à l’activité des mitochondries interagit avec les fascias aussi.
Les fascias sont également un pont entre le corps et le psychisme : leurs multiples récepteurs, via les informations transmises, vont être à la base des émotions, du coup des pensées liées aux émotions, ces pensées menant à la conscience de soi, cette conscience de soi pouvant s’ouvrir vers les autres (la sociabilité, l’affectivité) et finalement, au bien-être de l’individu au sein duquel les fascinas sont organisés. Cette matrice nous aide à l’équilibre corporel mais également mental : dans notre relation au monde.
Et quand les fascias ne fonctionnent pas bien alors ?
Les fascias peuvent subir une baisse de flexibilité et d’élasticité, et, à terme, des tensions voire des blocages, des adhérences peuvent arriver. Leurs causes sont à l’étude : sédentarité, déshydratation, acidose, inflammation, intoxication, carences nutritionnelles, substances nocives produites par la dégradation de certains aliments, perturbation de phénomènes électriques.
Les fascias sont très sensibles au stress sous toutes ses formes et à son corollaire, l’inflammation. (Pr P. Alessio. L’inflammation, 2019).
Des troubles physiques, cognitifs, psychiques et émotionnels peuvent alors survenir, difficiles à appréhender à cause de leurs variétés.
Les plus évidents sont
Les effractions tissulaires (blessures, entorses, fractures, opérations…) sont autant d’occasion de cicatrices, d’adhérences….de points gâchettes.
mais en cas d’activité physique intense, de musculation inadaptée ou quand on porte des charges trop lourdes, les tissus mous seront sollicités excessivement avec parfois des conséquences sur tout le tissu myofascial, qui est élastique, déforma le mais pas indéfiniment: douleurs, tendinites, entorses ou points gâchettes peuvent apparaître.
Ainsi qu’est-ce qui perturbe les fascias ?
ont tendance à rendre les fascias plus rigides et plus denses.
créent aussi des tensions et des crispations qui peuvent perturber durablement tout le système fascial.
Résultats ?
Les fascias perdent en plasticité et en élasticité, causant douleurs et inflammations. Le corps se « sclérose », se rigidifie : des douleurs inexpliquées peuvent alors apparaître.
Les adhérences des fascias impactent la sphère sensitive et émotionnelle, la perception de son propre corps, des autres et du monde, le fonctionnement cognitif…avec à la clé un état de mal-être.
Le découverte de liens étroits entre le système fascial et l’intéroception (la capacité à évaluer les états internes de sa propre activité physiologique) ouvre aujourd’hui de nouvelles voies d’approches de la maladie : les thérapies de la conscience du corps et de soi (body and self-awareness therapies) ouvrent des pistes nouvelles pour traiter de nombreux troubles comme l’anxiété, la dépression, le stress post-traumatique, les douleurs … Peter Levine https://www.apf-somatic-experiencing.com/
Enfin, les fascias sont aussi un espoir pour mieux comprendre et traiter de nombreuses maladies, comme par exemple dans le domaine de la cancérologie : les étirements des fascias réduisant les fibroses et les inflammations, la recherche se tourne sur la possibilité d’une source potentielle de traitement complémentaire des cancers par le ciblage des fascias. (Dr Helene Langevin, Université du Vermont, USA) :
Helene M Langevin 1, Patricia Keely 2, Jun Mao 3, Lisa M Hodge 4, Robert Schleip 5, Gary Deng 6, Boris Hinz 7, Melody A Swartz 8, Beverley A de Valois 9, Suzanna Zick 10, Thomas Findley 11
Affiliations expand
Complementary and integrative treatments, such as massage, acupuncture, and yoga, are used by increasing numbers of cancer patients to manage symptoms and improve their quality of life. In addition, such treatments may have other important and currently overlooked benefits by reducing tissue stiffness and improving mobility. Recent advances in cancer biology are underscoring the importance of connective tissue in the local tumor environment. Inflammation and fibrosis are well-recognized contributors to cancer, and connective tissue stiffness is emerging as a driving factor in tumor growth. Physical-based therapies have been shown to reduce connective tissue inflammation and fibrosis and thus may have direct beneficial effects on cancer spreading and metastasis. Meanwhile, there is currently little knowledge on potential risks of applying mechanical forces in the vicinity of tumors. Thus, both basic and clinical research are needed to understand the full impact of integrative oncology on cancer biology as well as whole person health. Cancer Res; 76(21); 6159-62. ©2016 AACR.
si vous avez une heure devant vous et que vous comprenez l’anglais
Pour Robert Schleip, biologiste et directeur du Fascia Research group à ULM (Allemagne), les fascias gagneraient à se reposer 48h entre 2 efforts importants le temps de produire du collagène frais.
* Concernant l’apprentissage : une majorité des enfants de 10 ans en échec scolaire présenteraient un problème d’intégration de certains réflexes archaïques, dés dysfonctionnements posturaux et moteurs entraînant des troubles « des », de l’attention ou de l’hyperactivité. Ces réflexes archaïques sont au nombre d’une quarantaine et ils sont responsables de toute la motricité réflexe de l’enfant, qui lui permet de survivre jusqu’à l’apparition de la motricité volontaire (réflexe d’agrippement, celui de peur paralysante etc) : ils doivent pour la plupart être inhibés, intégrés, avant l’âge d’un an (Paul Landon https://www.reflexes.org)
Comment prendre soin de nos fascias ?
Vous l’avez compris, l’univers des fascias fascine.
Une des découvertes importantes est leur faculté de régénération par le mouvement et le massage. Constitués d’eau, de protéines (collagène, élastique..), de protéoglycans (un assemblage complexe de protéines et de glucides qui retiennent l’eau), une des approches est évidemment l’alimentation de qualité et l’hydratation (cf la capsule sur un mode de vie sain), éviter les aliments ultra-transformés, réduire les perturbateurs endocriniens (n’oubliez pas que les fascias sont sensibles aux hormones).
Ensuite, il faut bouger, les faire glisser les uns sur les autres, les étirer, les masser : le mouvement et de toutes les manières : marcher, faire le ménage, yoga, natation, sport intense (mais respecter le repos cf supra), mais aussi activité physique (cf la capsule l’important c’est de bouger !) et de toutes les façons lentement et en conscience (ce qui semble « soigner » plus les fascia) et intensivement (ce qui « stimule » les fascias et qui peut être aussi amusant).
J’espère vous avoir fait partager un peu de mon enthousiasme et de mon intérêt pour les fascias : c’est un sujet fascinant et nous sommes loin d’en avoir fait le tour. Prenez soin de vous 🙂
voir aussi les capsules entre-autres (gynécologie)
Si vous n’avez jamais suivi de classes de yin yoga, une petite présentation s’impose :
En comparaison avec du yoga (hatha ) classique, les classes de yin suivent un tempo plus lent : les poses sont passives (mais peuvent être intenses néanmoins) et donc moins nombreuses, maintenues plus longtemps, nous laissons la gravité et le temps (un luxe de ces jours) nous aider.
Le focus est porté sur le tissu connectif, les fascia, tandis que le mental, l’esprit tend à un état méditatif et c’est parfois le vrai challenge de la pratique (le mental peut être très difficile à calmer dans nos sociétés, et dans d’autres)...même les bouddhistes se le représente comme un singe piqué par un scorpion.
Basé sur la médecine taoïste et les méridiens chinois, le Yin est plus centré sur le « release », la libération, on se rend à la pose, on s’abandonne au moment présent, et vise en premier lieu les tendons, ligaments, fascia musculaires et autres, qui ont tendance à se rigidifier dans nos vies, soit par non-utilisation (sports habituels, vie sédentaire ..) soit simplement par le vieillissement de nos corps (on devient raide avec l’âge, nous n’avons plus 20 ans !) : tout nous emmène vers une raideur, un manque de souplesse (qui peut être aussi émotionnel !), et impliquer des douleurs du bas du dos, des épaules, au lever par exemple.
Le yin yoga va nous aider à retrouver ou garder du plaisir à bouger, à être dans notre corps, à retrouver un corps plus confortable à habiter …. le Yin yoga, c’est s’accorder un temps pour soi : réunir son corps et son esprit. Le Yin yoga s’apparente à un état de méditation et de présence à soi : les instants consacrés dans le maintien des poses sont une occasion de sentir son corps, de s’accorder à ce véhicule de notre vie, en sentir les restrictions (sans les juger) et peut-être s’en libérer au propre comme au figuré.