L’apparition des règles !
Vous étiez enfant, et tout-à-coup, des choses se passent : des poils poussent, les tétons peuvent gonfler et même faire mal, vous grandissez en une fois … peut-être trouvez-vous que les jeux d’avant ne sont plus de « votre âge » … clairement, il y a des hormones là-dessous…
Votre système hormonal commence à fonctionner : certaines vont avoir de l’acné, voire vraiment beaucoup, d’autres n’en n’auront pas ou si peu …
Bref, cela se déroule tellement différemment pour chacune; de plus, cette période est déroutante : il y a des trucs qui se passent que vous ne maîtrisez pas/plus … vos réactions vous surprennent, votre corps ne vous appartient plus, et vous pouvez même avoir du mal à vous reconnaître dans le miroir ….
Des douleurs dans le ventre peuvent survenir de plus en plus souvent …. puis, un jour : vous saignez dans la culotte… panique ? Fierté ? Une palette d’émotions sont possibles, ce n’est pas mon propos, mais au niveau médical : Ça y est voilà vos règles : cela signifie que vos ovaires fonctionnent (pour les premières fois, pas toujours bien1 et c’est normal) : vous pouvez avoir un bébé même si à 12 ans c’est pas votre idée…
J’ai voulu écrire cet article car des recherches ont démontré les conséquences que l’absence d’informations pouvait avoir sur l’expérience des premières règles et la persistance de cet impact tout au long de la vie de la jeune fille non informée, que ce soit dans sa vie menstruelle et sexuelle ou dans sa perception de sa féminité : les premières règles sont un événement marquant, voire traumatisant et je me demande si toutes, nous nous souvenons de ce jour-là .
Nous parlons de cycle : entre 2 saignements vaginaux, c’est un cycle.
Parfois ce cycle n’a rien de régulier ou est plus long mais parlons de comment cela se passe en général :
Plus ou moins 28 jours, les règles durent de 5 à 7 jours (+/-), plus fortes en début et de sang rouge, puis de couleur brune et moins abondantes.
Pendant les règles, on se « protège » car sinon, on peut se retrouver avec des taches sur nos vêtements (la gêne..) : bande hygiénique que l’on « colle » dans le fond de la culotte (soit dans le commerce, soit ré-utilisable en tissus que l’on lave pour le mois suivant), les tampons sont aussi une option mais il faut être à l’aise avec son corps et son vagin car ils ne sont pas toujours faciles à placer, si ils sont trop bas, ils font mal (il existe des applicateurs qui aident), il y a aussi des culottes menstruelles qui sont des culottes que l’on porte à cette période et on lave alors les culottes et pas uniquement les protections en tissus, et enfin la cup menstruelle (qui nécessite vraiment d’explorer son vagin, sentir son col et oser mettre les doigts !). Enfin, rien n’interdit de combiner plusieurs techniques. Dans tous les cas, il est important de bien se laver les mains et surtout, pour les protections « internes ou intra-vaginales (tampons, cups), les changer régulièrement.
Vous allez encore grandir (je parle de votre hauteur) un peu, mais beaucoup moins que juste avant vos premières règles; si votre appétit avait fortement augmenté (ce qui est normal car vous « poussez vers le haut »), une fois les règles arrivées, il est normal de s’arrondir et de devenir « féminine » avec des hanches, des seins (cela se stabilise vers 18 ans), mais si vous aviez une bonne fourchette, pensez quand même à ne pas reprendre 3 x du dessert, car stabilisant peu à peu votre taille définitive, vous risquez d’élargir « horizontalement », les besoins en calories diminuant avec la fin du pic de croissance.
Une fois les règles arrivées même la première fois! Et au premier rapport ! vous pouvez tomber enceinte et même attraper une infection sexuellement transmissible : cf les capsules contraception et IST.
Cette « semaine du mois » (le plus souvent c’est 5 à 7 jours) va avoir des retentissements différents pour chacune et essayons de la vivre sereinement à notre rythme :
Au niveau des émotions, pendant les règles, on peut être « down », c’est pas toujours la super forme (savez-vous que pour un gynéco le cycle démarre le 1er de vos règles, aka J1 ? ) : tristesse, fatigue, juste pas envie, esprit grognon, irritabilité …
Ensuite nous allons parler de phase « folliculaire » qui s’étend du dernier jour de vos règles à approximativement le 10ème (au 14ème jour depuis le J1) : cette période est plutôt hop hop hop : sous le signe de l’optimisme (le verre sera plutôt à moitié plein), les œstrogènes sont sécrétés alors majoritairement.
L’ovulation arrive ensuite (c’est cette ovulation qui permet les grossesses et que les pilules contraceptives vont empêcher) : période relativement courte (style 1 jour), vous pouvez sentir une tension dans le bas ventre soit du côté de l’ovaire qui va ovuler soit de l’autre aussi d’ailleurs (on a parfois un « côté » habituel, toujours identique, qui est sensible). Cette période va ensuite être suivie le lendemain (plus ou moins) de pertes vaginales plus collantes, un peu comme du « Slyme », mais pas toujours !
Dernière phase, la phase lutéale : c’est la progestérone qui domine maintenant : constipation, ballonnement, transit lent (ou parfois diarrhée juste avant les règles) avec ventre sous tension, seins plus lourds, moral moins bon (ici le verre sera toujours à moitié vide), vous pouvez aussi prendre 1 ou 2 kg, que vous perdrez après les règles, qui vont arriver…
Le volume des règles (« combien » vous saignez) varie d’une femme à l’autre et vous n’avez que vos repères mais si vous sentez un manque d’énergie, presque à devoir prendre du fer chaque mois, cela saigne en flot, vous devez mettre tampons ET serviettes, … il y a peut-être « trop de règles » …
Ainsi, les règles ne se limitent pas à une simple et unique vérité « le cycle menstruel dure 28 jours ». La durée du cycle, la fréquence des règles, l’intensité du flux de sang (ce qui coule de votre corps), la présence et le type de douleurs varient d’une fille (femme) à l’autre, mais également au cours d’une même vie.
Nous ne sommes pas égales devant la douleur mais il y a douleur et douleur; si vous souffrez, demandez à votre maman comment étaient ses règles dans sa jeunesse : peut-être va t’elle vous dire que oui, elle avait mal et que c’est passé avec l’âge, comme sa maman avant elle…
Le paracétamol (anti-douleur), un anti-inflammatoire (à prendre pendant les repas), un anti-spamodique peuvent vous aider, comme la chaleur ou la pression (alors souvent on a tendance à se replier), des remèdes homéopathiques peuvent vous soulager, ainsi que des remèdes phytothérapeutiques : la bromelaine (attention à l’allergie aux ananas), le gattilier (dérivé de poivre ! Si prédisposition au cancer du sein), le shatavari (attention si allergie aux asperges), qui est un remède ayurvédique, et qui régule le cycle féminin, le basilic qui a des vertus spasmodique (contre les crampes), la tisane de framboisier contre les crampes utérines, chez Krealikos (O’Flor N°16), l’eau florale et citons aussi ELLUNE (ancien Livia), qui est un dispositif médical (TENS) sous forme de patches/ pads que vous placez là où cela fait le plus mal et dont vous pouvez régler l’intensité…(https://fr.paingone.com/collections/paingone-ellune)
Et il y a l’endométriose qui est une maladie (voir https://toimonendo.org) gynécologique fréquente, qui touche les femmes en période d’activité génitale à divers degrés.
Cela peut aller d’une absence totale de symptômes (endométriose silencieuse) à des douleurs invalidantes (voire à une stérilité).
Les douleurs sont d’intensité variable selon l’importance et la localisation des lésions, récurrentes (elles se reproduisent tous les mois avec les cycles), pendant les règles ou pendant les rapports sexuels ou en dehors des règles, quand on va à selles ou quand on urine (sang parfois rouge)..
Les 5 D : Douleurs surtout pelviennes, Dysménorrhée (règles douloureuses), Dyspareunie (douleurs des rapports sexuels), Dysurie (douleurs eu urinant), Douleurs à la défécation, aggravés au moment des règles.
L’endométriose se diagnostique à partir de la clinique et d’examens complémentaires (échographie, IRM, prise de sang) et son traitement multidisciplinaire allie les médicaments, kiné, nutrition, … et parfois la chirurgie (clinique de l’endométriose du Chirec Braine l’alleud 02/4349439, il existe aussi des cliniques de l’endométriose à Erasme, à Saint-Luc …).
Voir la capsule Focus sur l’endométriose
Le syndrome pré-menstruel
La médecine définit le syndrome pré-menstruel (SPM) comme un trouble récurrent (qui revient souvent) de la phase lutéale (vous vous souvenez celle qui vient après l’ovulation et avant les règles) au cours duquel se manifestent de multiples syndromes (physiques, émotionnels et comportementaux) jugés négatifs (en général, le SPM impacte et restreint votre vie à cette période). Certaines études parlent de près de 80% de femmes (et filles) qui ressentent au moins un symptôme physique ou émotionnel et quasi 30% parmi ces femmes déclarent que cela interfère avec leur vie de tous les jours à chaque cycle.
Le tabou des règles
Les règles impactent d’autres dimensions que le fait de saigner (ce qui est déjà majeur) : le sang coule de votre corps (sphère intime), mais les règles se vivent dans la sphère privée (au sein de la famille ou du couple), et dans la sphère publique ( « se changer » à l’école ou au travail, la peur de la tâche de sang, …)
L’idée persiste que le sang menstruel est toxique : le sang qui coule des femmes n’est pas considéré de la même manière que le sang qui coule des hommes (historiquement les hommes et les garçons saignent pendant la chasse ou à la guerre); là où les hommes sont valorisés, le sang féminin les exclut, les rend impur. Ce sang n’est absolument PAS toxique, NI impur : c’est un évènement physiologique2 ni plus ni moins. Les règles ne sont PAS une malédiction, mais sont « chargées de honte » :
Suite à l’apparition du sang, en interrogeant les femmes, 2 grands types de soucis reviennent (et DONC VOUS N’ÊTES PAS SEULE À DEVOIR LES VIVRE) :
le sport : comment le faire sans que cela se voit : l’utilisation des tampons s’impose rapidement ou plus tard, la cup. La piscine est l’activité sportive scolaire qui est la plus redoutée : IL N’Y A AUCUNE RAISON DE NE PAS ALLER NAGER mais parfois, les règles sont un alibi : en fait, on se sent mal dans sa peau et se mettre en maillot à l’école est une épreuve. D’ailleurs si vos seins poussent et que votre puberté démarre tôt (en primaire), les vestiaires mixtes et la mixité sont sources de gêne : comment cacher tout cela ?
les fuites : et les angoisses allant avec les taches : utiliser du papier WC comme protection par manque de matériel dans son sac … l’inconfort de sentir le flux et de devoir changer de culotte ou rester avec la même en attendant de rentrer de l’école, … ou au travail (car le milieu du travail n’est pas non plus règles-friendly ….)
Enfin, sans vouloir être polémique, les règles touchent la moitié de la population, c’est un phénomène naturel récurrent : cela a un prix et il existe une précarité sanitaire touchant les femmes de plus en plus pex celles vivant dans la rue (comment se changer en toute sécurité et pourquoi trouve-t’on des gens dans la rue au XXIème siècle ..? ) mais aussi pour les étudiantes ou familles à petits revenus : on pourrait comme dans beaucoup d’autres sujets qui touchent les femmes (…) se poser la question de l’égalité et du « remboursement » ou une autre manière de démocratiser leur emploi
QUELLES PROTECTIONS ?
Les serviettes hygiéniques
Plastique partout : source Wcef France, ci infra
Les tampons : bien se laver les mains avant de les introduire et les retirer. Respectez ce qui est prévu pour les changer, ils peuvent assécher le vagin pour info. Les tampons ne doivent pas être utilisés en dehors des règles pour absorber les pertes blanches !!!
pour ces 2 protections, je vous invite à les choisir bio, on parle beaucoup pour l’instant de perturbateurs endocriniens, de produits pour les « blanchir », les anti-odeurs… évidemment tout ce que vous évitez ainsi, rend ces produits + faciles d’emploi et ce n’est pas sans raison que la publicité insiste sur ces avantages mais pensez à votre santé. Les serviettes peuvent être ré-utilisables et donc lavables (disponibles en magasin bio)
pour aller plus loin : https://wecf-france.org/autour-des-regles-pour-des-protections-periodiques-sans-toxiques-effets-sur-la-sante-et-lenvironnement/
les culottes menstruelles sont une bonne option : écologiques sûrement, je vous conseille de vous renseigner tout-de-même de la « qualité » et de la provenance de ces culottes .. la façon de les produire n’est peut-être pas adéquate et sans danger pour la santé
la cup est une option aussi mais il faut l’introduire (et donc être à l’aise avec son vagin) et pour l’enlever, bien suivre les instructions (faire entrer l’air). Bien se laver les mains avant de les manipuler, les stériliser comme indiqué dans le mode d’emploi et être Ok pour les rincer si vous la rincez aux toilettes pendant la journée (cela dépend de votre flux et aussi de l’aisance à la sortir et la nettoyer devant d’autres personnes)
On parle aussi d’éponges absorbantes (qui seraient plus écologiques et bio encore) mais je n’ai pas d’avis ni assez de recul pour les conseiller : les précautions d’emploi comme pour les tampons et la Cup s’imposent.
———————————————-POUR ALLER PLUS LOIN————————————
Au niveau sociologique
Ou
Comment améliorer la mixité dans la société ….
Vivre ses règles dans les contextes professionnel, scolaire (voire intime), à tout âge passe encore actuellement par la dissimulation du sang (par une sélection des vêtements et sous-vêtements et par la sélection des protections périodiques) et par la gestion des éventuelles douleurs.
Avoir ses règles signifie que la jeune fille puis la femme sera amenée à apprivoiser son corps, savoir cacher son sang et accepter les éventuelles douleurs dans un contexte de vie, privée et sociale, propre à chacune.
Étendre la notion au-delà des règles au cycle menstruel dans sa globalité avec ses diverses phases hormonales et émotionnelles, et limiter la stigmatisation féminine en diffusant et démocratisant les valeurs féministes : se réapproprier et revaloriser son cycle : Il existe une inadéquation entre la nature changeante du cycle menstruel et l’organisation de la société dans laquelle vit la personne, avec une limitation variable de ses activités et de sa place dans le monde.
résumons, il y a plusieurs axes à améliorer
le tabou menstruel vient nourrir les opinions négatives sur lesquelles les inégalités et les discriminations sexistes s’appuient en partie. Le cycle menstruel est un état naturel à respecter.
Ainsi nous pouvons soutenir
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1 : les cycles peuvent ne pas être tout-de-suite (on parle de 2 ans en moyenne avant que cela se stabilise) ceux que vous allez connaître ensuite : un peu plus saignants, pas toujours fécondants, plus douloureux, pas d’emblée réguliers mais chez certaines, les premiers cycles seront très vite ceux que vous allez avoir ensuite.
2 : physiologique signifie que c’est une fonction corporelle comme manger, digérer, uriner … respirer. Cela ne signifie pas que cette fonction naturelle est « normale » : si le sang est trop abondant ou que les douleurs sont importantes à tel point que vous vomissez, … il y a lieu de consulter. Je vous invite à tenir alors un journal de menstruations.
exemple de journal de menstruations qui existe dans le commerce, je ne pense pas que je doive en tant que médecin connaître autant de détails sur vous, mais cela peut vous aider à comprendre ce qui revient tous les mois
3je précise que j’utilise féminin par facilité et pour alléger le texte : on peut y lire personnes menstruées cis ou trans